Camille, un parcours

Aimant le dessin depuis toujours, j’ai choisi, jeune, d’en faire mon métier.
Après une année, comme massière, à l’atelier Met de Penninghen et Jacques d’Andon, je me suis formée en écoles (ENSAD, ENSBA) pour acquérir de la maîtrise technique. Le temps des études artistiques est une période d’aventure où les choix sont multiples :
aux Arts-Déco et aux Beaux-Arts de Paris, je me suis  spécialisée en sculpture, métal aux Arts-Déco, taille directe aux Beaux-Arts, (atelier Jean Cardot).

Quand ce temps s’est achevé, tout restait à faire…
Le champ des possibilités est immense, et, parallèlement à la sculpture, je me suis sentie attirée vers les techniques impatientes, comme le dessin et l’aquarelle.

Il y a toujours des voies inexplorées où j’éprouve l’enthousiasme et le désarroi des autodidactes. Cet appétit «éclectique» m’a beaucoup appris, et il m’a fallu du temps pour pouvoir dire aujourd’hui que j’aime la solidité, la force de la matière (la pierre, le bois, la terre…) et, paradoxalement, la transparence, la subtilité, l’immatérialité de l’eau et du trait.

La force… la fragilité

Ce sont des valeurs fondatrices que l’on retrouve aussi dans les thèmes que je choisis :
L’enfance, la confiance, la vie dans un saisissement heureux… Essayant d’éviter les écueils du trop grand réalisme, qui pousse plus à la prouesse technique qu’à la créativité, et du sentimentalisme, à haut risque quand on travaille sur les tout-petits, mon travail tente de redonner avec simplicité des moments de vie, légers ou profonds, naturellement expressifs et sereins.

 

Du figuratif classique à l’expression abstraite.

J’ai longtemps aimé être fidèle au sujet, bien le regarder, bien le retranscrire.

J’ai un souci d’authenticité et, à contre-pied d’une époque se complaisant dans le trash, le gore, ou le bizarre, je fais le choix de montrer un monde heureux. Je veux toujours tenir cette ligne, exigeante, qui m’a conduite vers une facture classique.

Mais je me suis mise à pratiquer le modèle-vivant plus intensément et j’ai découvert qu’une trop grande maîtrise pouvait parfois nuire à l’expressivité.
En me mettant dans des conditions inconfortables, en manquant de temps, en utilisant ma « mauvaise main », j’ai quitté ma zone de confort.

J’ai constaté que la perte de contrôle permettait de faire surgir de nouvelles émotions, des fragilités, de la puissance, de la créativité.

La maladresse, l’urgence, la frustration  vont de pair avec l’audace.
J’ai tenté de nouvelles choses, moins académiques, plus fragiles, plus libres.

Petit à petit, frôlant l’abstraction, je me suis engagée sur des chemins nouveaux.